Demain au Cap Horn ?

Ça y est, Romain Pilliard et Alex Pella, accompagnés par Christian Dumard leur routeur et météorologue à terre, semblent enfin apercevoir une fenêtre météo pour se lancer à l’assaut du mythique Cap Horn. Toujours à l’abri de la Terre de Feu dans le Nord du Détroit de Lemaire où ils se sont réfugiés depuis dimanche soir, Romain et Alex vont essayer de franchir le Cap Horn demain mercredi dans la journée. Une étape redoutée de ce Tour du Monde à l’Envers et ô combien symbolique dans la vie des marins.   

Ce mardi, comme en témoigne leur trajectoire sur la cartographie, Romain et Alex se trouvent actuellement à la pointe extrême Est de la Terre de Feu pour laisser passer un nouveau coup de vent de Sud-Ouest à plus de 35 nœuds. Dès demain, le duo tentera une première approche du Cap Horn dans du vent a priori maniable, mais la grande question reste la praticabilité de la mer qui s’annonce très formée après le passage du front de ce mardi. Une fois le Cap Horn passé, là encore, des incertitudes demeurent : pourront-ils s’élancer sur la traversée du Pacifique ou devront-ils auparavant s’abriter le long des côtes chiliennes ?

« Aujourd’hui, on se prépare comme pour un grand événement… Mais on ne sait pas quel type d’événement. On sait juste que c’est de la navigation et qu’il s’agit d’un cap mythique à passer : le Horn. Le graal de tous les navigateurs, et qui plus est, d’Est en Ouest. Combien sont-ils à l’avoir passé à la voile ? Si Neptune et Eole sont cléments avec nous, il y en aura deux de plus demain. Mais il ne s’agit pas que d’un cap en mer, c’est aussi un cap du projet Use It Again! initié avec Aurélie, mon épouse, il y a 6 ans, un engagement pour un avenir meilleur. Une envie de rassembler, d’encourager le changement et inspirer. Depuis quelques jours, nous sommes au milieu d’un environnement qui semble, quasi vierge, nous sommes entourés de centaines d’oiseaux, les algues géantes (kelp) poussent à leur guise au fond de l’océan, l’air est froid et pur, et même l’eau qui sort de notre désalinisateur semble être de l’eau de source. Qu’avons nous fait à notre Terre ? Essayons au moins de préserver notre Océan. Notre planète devrait porter ce nom puisqu’il y a bien plus d’eau que de terre, et que c’est l’eau qui est source de vie sur Terre.Enfin, presque un mois que nous sommes partis, il n’y a pas de routine, d’ennui ou de lassitude car chaque instant est différent: les couleurs, les lumières, la mer, les reflets, son état… c’est magique. Une seule chose me surprend encore: cela semble sans fin, ce n’est qu’une continuité de navigation, de glisse, il n’y a pas de pause, pas de pied à terre pour faire un break et aller manger une bonne salade avec une bonne bière. Je vais peut-être devenir merien alors… À demain », vient d’envoyer Romain Pilliard à son équipe.