Considérations Pacifique…

Une semaine après le départ de Moorea, le skipper de Use It Again! by Extia enchaine les journées à un bon rythme sur le Pacifique. En franchissant en début de journée le 180e méridien, le trimaran a quitté l’hémisphère Ouest de la planète pour basculer dans l’Est. 

Les mots de Romain : 

« Considération Pacifique du 7 mai locale, quelque part entre la Nouvelle-Zélande, les îles du Vanuatu et la Nouvelle-Calédonie.

Quand je dézoome la carte depuis mon ordinateur, je me dis que c’est un rêve incroyable qui se réalise. Je suis parti de notre petit port breton en plein hiver pour être ici aujourd’hui, au bout du monde. Après tout ce qui s’est passé…

J’aime bien prendre du recul sur tout ça. Je suis heureux, fier un peu aussi, quand je vois mon bateau, ce petit point sur la carte au départ de Papeete, puis de le voir passer la longitude de toutes ces îles fabuleuses du Pacifique dans lesquelles j’aimerai m’arrêter un jour avec Use It Again! by Extia pour y parler éducation, sensibilisation… Les Tonga, les Samoa, les Fidji… Je m’aperçois qu’avec ce trimaran qui va vite, le monde est plus petit ! Je suis ému car ce sont des endroits qui m’ont toujours fait rêver et moi qui aime tant le Pacifique, je n’aurais jamais imaginé qu’un jour, je serai là, en solo, sur mon bateau. Quel que soit le mode : course, pas course, record, je fais vraiment de mon mieux, je me donne en permanence sur ce temps de référence entre Moorea et Cape Town (non officiel).

Depuis le départ, c’est une navigation assez engagée, assez animée avec des conditions variées mais plutôt fortes. L’alizé est soutenu et la mer bien formée. Je me sens parfois vraiment tout petit, recroquevillé sur mon pouf aux pieds de la table à cartes pour ne pas voler dans le bateau. Use It Again! by Extia va bien, je suis bien sur mon trimaran, j’ai confiance en lui… Il faut que je préserve le matériel au maximum, c’est parfois stressant mais c’est le jeu de la navigation sur ces bateaux-là, ce n’est pas de la croisière.

En ce moment, je glisse bâbord amure vers la Nouvelle-Calédonie avec un vent au Sud-Est. Je vais la laisser dans mon Nord ou dans mon Sud en fonction de la stratégie pour aborder le détroit de Torres où il y a, pour le moment, une grosse zone de pétole. Je ne pourrais sûrement pas l’éviter mais il faudra être opportuniste.

Aujourd’hui, j’ai eu des hauts et des bas moralement, quelques petits points techniques à éclaircir, rien de grave, juste de l’électronique et un petit souci d’énergie. Quand on est seul, loin de tout, ce n’est pas toujours facile à gérer ces variations du mental. Je sais bien que c’est aussi dans la tête que va se jouer ce long parcours. Je n’aurais fait qu’un tiers des 11 000 milles en arrivant au détroit de Torres… Ensuite, il restera tout le contournement de l’Australie puis l’Océan Indien à avaler.

Ce n’est que le début et il y a plein de choses qui me portent, je pense beaucoup à Use It Again!,à la suite de ce Tour du Monde, à ce que je ferai pour avoir plus d’impact et utiliser le mieux possible ce Tour du Monde au service de la protection de l’Océan, de l’économie circulaire et pour notre engagement dans la lutte contre le réchauffement climatique. Ces perspectives me nourrissent et me motivent au quotidien, cela donne encore plus de sens à cette navigation…  »