Quelle stratégie pour le Horn ?

Après 24 jours de mer sur ce Record du Tour du Monde à l’Envers, le trimaran Use It Again! poursuit sa descente le long de l’Argentine. Romain Pilliard et Alex Pella, l’équipage du trimaran de l’économie circulaire, n’ont plus qu’une chose en tête, le passage du mythique Cap Horn, distant désormais de 700 milles. Un Cap redouté, qui semble pour l’heure ne pas vouloir faillir à sa réputation. Le duo de Use It Again! devra probablement patienter avant que le Cap Horn n’ouvre ses portes.  

Situé à l’extrémité Sud de la Terre de Feu, le Cap Horn marque la limite entre l’océan Atlantique et le Pacifique par 56 degrés Sud. C’est l’un des endroits les plus dangereux au monde puisqu’entre les Andes et la péninsule Antarctique, la zone crée un effet entonnoir propice aux vents violents et à d’énormes vagues, les dépressions accélèrent et leur intensité y est bien plus forte qu’ailleurs. C’est le « gros morceau » de ce Tour du Monde s’accordaient à dire Romain et Alex avant le départ. Un Cap aussi attendu que redouté. Nombreux sont les marins à avoir tentés de le passer, parfois en vain, à l’image de Magellan, qui préféra un passage plus au Nord par le détroit qui porte désormais son nom. Plus récemment, on se souvient de l’équipage de Gitana 13 mené par Lionel Lemonchois qui lors de son record entre New-York et San-Francisco en 2008 avait dû s’abriter plusieurs jours dans le Détroit de Lemaire avant de s’attaquer au mythique Cap Horn.  

« Nous sommes le 28 janvier, la situation n’est pas simple, nous passons du vent fort au vent faible. Nous sommes rentrés dans les 40ème Sud et la situation est compliquée, non seulement pour descendre jusqu’au Cap Horn mais aussi pour négocier son passage. Nous parlons stratégie toute la journée avec Alex et Christian Dumard, notre routeur météo. Quelle stratégie adopter ? Faudra-t-il s’abriter à certains moments ? Nous ne pouvons pas naviguer dans du vent de face trop fort car, qui dit vent fort, dit mer forte. Nous avons fait avancer le bateau assez vite cette nuit dans une mer déjà formée mais nous étions au portant donc tout allait bien ! Cet après-midi, nous traversons une zone de molle, ce n’est pas très agréable car le bateau ne glisse pas, il tape dans les vagues, puis nous allons de nouveau retrouver dans les heures qui viennent du vent fort. Il faudra peut-être s’abriter un peu le long de la Cordillère des Andes avant la Terre de Feu pour pouvoir passer le Détroit de Lemaire et envisager ensuite un passage du Cap Horn qui ne sera pas avant le 1 ou le 2 février. Il faut être opportuniste et patient. C’est le jeu de la course au large, et nous restons motivés, nous allons y arriver ! » Indique Romain Pilliard, le skipper du trimaran Use It Again!