Ils l’ont fait !

À 12 heures 55 minutes ce jeudi 3 février, Romain Pilliard et Alex Pella sont parvenus à franchir le mythique Cap Horn d’Est en Ouest à bord du trimaran Use It Again! dans des conditions difficiles. Les deux marins se sont bien battus au près en tirant des bords depuis 36 heures face à une mer très formée et dans 30 à 40 nœuds d’un vent glacial. La difficulté du passage du Cap Horn d’Est en Ouest n’est décidément pas un mythe ! C’est une nouvelle étape réussie pour le duo franco-espagnol et le trimaran de l’économie circulaire sur cette tentative de Record du Tour du Monde à l’Envers contre les vents et les courants dominants, débutée le 4 janvier à Lorient.

Fierté et bonheur pour les deux Cap-Horniers !
Si Alex Pella a déjà passé le Cap Horn « à l’endroit » quatre fois, c’est la première fois que Romain Pilliard approche ce cap mythique, la première fois qu’il navigue dans des latitudes aussi lointaines (56 degrés Sud). Après 29 jours et 18 heures de navigation depuis la ligne de départ de ce Record du Tour du Monde à l’Envers située entre l’île de Groix et le phare de Kerroc’h, les voilà « Cap-Horniers » et à l’assaut d’un nouvel océan, le Pacifique.

« Nous vivons un moment mythique de ce parcours ! Nous venons de passer le Cap Horn moins de 30 jours après notre départ de Lorient-Ile de Groix. Nous avons dépassé la longitude du Cap Horn, c’est un moment exceptionnel, je suis hyper ému car c’est mon premier Cap Horn ! C’est le rêve de beaucoup de marins dans le monde. Nous avons eu des conditions assez difficiles sur Use It Again! au près depuis pas mal de temps puisque nous sommes sur le Tour du Monde à l’Envers. Cap-Hornier d’Est en Ouest, cela a une autre saveur, c’est beaucoup d’émotions, un bonheur indescriptible vécu autour de cette île qui est la terre la plus au Sud de l’Amérique Latine avant l’Antarctique… Maintenant, la route continue sur ce Tour du Monde à l’Envers », se réjouit Romain Pilliard.  

« Je suis très heureux, un passage du Cap Horn, c’est toujours beaucoup d’émotions même quand tu l’as déjà passé 4 fois ! D’ailleurs, je crois que si je le franchissais 1000 fois, ce serait à chaque fois exceptionnel car c’est un endroit chargé d’histoires maritimes. C’est le passage entre l’Atlantique et le Pacifique, il s’est passé beaucoup de choses dans ces eaux. Cela me passionne ! C’était très difficile le passage de la pointe avec les courants, le vent de face, on a fait des bords carrés mais on a réussi. Il n’y a pas de doute, c’est plus facile de le passer à l’endroit ce Cap Horn ! » Explique Alex Pella, co-skipper du trimaran Use It Again!

Retour sur une épopée de 36 heures sous haute-tension
Après 48 heures de stand-by au Nord de la Terre de Feu pour laisser passer une première tempête sur le Cap Horn et préparer le trimaran à cette étape délicate du Tour du Monde, Romain Pilliard et Alex Pella se sont élancés mercredi matin dans le Détroit de Lemaire entamant ainsi une longue et difficile descente vers le Cap Horn. « On a 44 nœuds, la mer est mauvaise, 4 mètres de creux, et courte, ça tape fort, on serre les dents, on espère que le bateau ne souffre pas trop », envoyait alors Romain à son équipe. Après un premier bord dans le Détroit de Lemaire, la mer est impraticable, ils font demi-tour vers la côte et après discussion entre les deux hommes, ils prennent le parti d’y aller quand même en tirant des bords à la côte pour avoir moins de mer, les conditions de vie sont particulièrement difficiles pour les marins « On vit comme des animaux, on dort assis dans le pouf avec la couverture de survie pour se réchauffer. J’ai 7 épaisseurs sur moi et je suis glacé. C’est raide ! Tu sors de la sieste et tu te dis merde, ça continue encore cette affaire », expliquait Romain hier soir.

Quant à la suite, difficile à dire encore une fois ! Une énorme dépression arrive par l’Ouest dans le Pacifique Sud, avec des conditions de mer et de vent qui entraveraient fortement leur progression. Romain et Alex, accompagnés par Christian Dumard, leur routeur à terre, vont de nouveau faire des choix dans les heures à venir, la possibilité de chercher à s’abriter le long de la côte n’est pas exclue. À suivre…